16ème dimanche du temps ordinaire (A)

Il y a quelques jours, j’ai senti monter en moi le désir de lire un roman, précisément parce que celui-ci était absent de la bibliothèque de notre couvent, et qu’il venait d’être emprunté… Le simple fait que ce livre ait été prêté a fait grandir en moi mon désir de lire ce livre plutôt qu’un autre ! L’expérience est classique et ce mécanisme —le désir mimétique— décrit par l’anthropologue René Girard est relativement bien connu. Il y a un désir au fond de nous, qui peut croître en fonction du désir de l’autre. Nous le savons, le désir de l’autre ravive le nôtre. Il suffit parfois qu’un objet soit désiré pour qu’il devienne l’objet de mon désir. C’est dans ce mécanisme-là, dans cette convoitise et cette imitation, que René Girard place les racines de la violence, du mal entre les humains.

Je ne sais pas si vous avez remarqué que, dans l’évangile que nous venons d’entendre, il y a comme une imitation, un mimétisme, dans l’action du bien et dans l’action du mal. C’est comme si le semeur d’ivraie imitait le semeur de bon grain. La description de l’activité du bien, est finalement très proche de celle qui produit le mal et la violence. Nous l’avons entendu, l’ennemi sème, tout comme le bon semeur. Et la tige pousse, grandit, produit l’épi comme le bon grain.

Le cœur de l’être humain est un peu à l’image de ce champ de l’évangile où il y a du bon grain est de l’ivraie. Nous sommes ainsi faits que nous ne sommes jamais totalement innocent, ou totalement coupable. Lorsque nous nous attachons à faire le bien, c’est parfois l’inverse que nous récoltons et que nous produisons. Et nous savons aussi, qu’une colère peut être sainte ! Dans notre monde, comme dans le champ de notre cœur, le bien et le mal sont ainsi mêlés ! Ce qui est bien pour moi est peut-être mauvais pour l’autre. Ce qui est bon aujourd’hui ne le sera peut-être plus demain et réciproquement.

Comme il est étonnant aussi parfois de constater comment une bonne intention —ou un acte de générosité— peut avoir des effets désastreux et inattendus. De même, le silence est tantôt d’or, tantôt lâche ! Car, nous sommes toutes et tous des âmes grises, avec nos parts d’ombre et de soleil, avec nos courages et nos peurs, avec nos fougues et nos lenteurs, avec nos fidélités et nos trahisons inextricablement liées. Nous ne pouvons finalement jamais dire que nous sommes totalement extérieurs au mal, comme si ce dernier était dans le champ d’à-côté, toujours chez l’autre. Sans mauvaise culpabilité, la racine du mal et de la convoitise n’est-elle pas dans notre champ, de notre cœur, là où se trouve, en germe, du blé mûr et de l’ivraie.

Notre humanité est ainsi faite : nous aimerions mettre de côté, calculer le rendement, arracher l’ivraie, détruire la mauvaise herbe, extirper le mal, ne garder que le blé… Ce désir est certes louable, mais la parabole de ce jour souligne finalement un enjeu encore plus fondamental ! Elle nous invite à voir les choses autrement. Le maître de la parabole ne rejoint pas la proposition des serviteurs ! Il croit inconditionnellement au blé qu’il a semé ! L’ivraie est en ce sens secondaire ! C’est comme si elle nous disait : toi, qui découvre l’ivraie dans le champ de tes projets et de ta famille, semée par un proche, un ami, un frère, par quelqu’un qui te veut du mal. Ne cherche pas à te faire justice. Le temps fera son œuvre ! Car l’ivraie ne porte pas de fruit !

La parabole nous rappelle cette simple et évidente leçon d’humilité : ce n'est pas à nous de juger, de séparer de manière définitive les justes des injustes, les purs des impurs, les vrais des faux disciples. Ce n’est pas à nous de mettre le divin, notre Dieu, dans notre camp ! Juger de la sorte, c’est avant tout ne pas connaître ! A nous d'accepter le monde tel qu'il est, l'ivraie avec le bon grain.

Nous sommes incapables de dire de façon définitive « ceci est bien, ceci est mal ». A l’image de notre cœur divisé, le bien et le mal sont si entremêlés qu’ils sont inséparables Pourquoi ? Tout simplement parce qu’aux yeux de Dieu, rien n’est jamais définitif, irrémédiable. Tout peut toujours être repris et sauvé. Personne ne peut être enfermé dans un acte, une parole.

En ce sens, cette parabole est comme un écho à l’évangile du semeur. Celui-ci nous rappelait qu’il y aura toujours, absolument toujours au fond de l’humain, dans son cœur divisé, une « bonne terre » à ensemencer, quoiqu’en dise notre expérience.  Il y a toujours, au fond chaque être humain —même celui qui traverse l’en-bas— un lieu où la terre a gardé sa fraîcheur originelle.

L’évangile de ce jour décline cela d’une autre manière. Il nous rappelle que même si les aléas de la vie ont semé la zizanie, la division dans notre histoire, ce n’est pas encore le temps de la moisson… La vie prend patience. Rien n’est jamais, irrémédiable, fini. Tout peut toujours être transformé, sauvé, pour celui qui agit avec patience.

Car nous l’avons entendu : les serviteurs de la parabole se proposent d’aller eux-mêmes  enlever l’ivraie dans le champ de leur Maître, mais le maître n’accepte pas ! Nous en connaissons, de ces chevaliers blancs des réseaux sociaux, de ces inquisiteurs qui jugent et condamnent à coup de principes ou de morale… N’espérons pas gagner le combat contre l’ivraie… Regardons ce qui pousse, ce qui croît, ce qui grandit, même s’il y a des sentiments mêlés en nous ou de l’ambiguïté…

Voilà pourquoi cette parabole nous invite à entrer dans un autre temps… Non pas le temps de la moisson, de la récolte, du jugement, mais ce temps qui donne du temps : ce temps de la croissance, de la confiance… Le temps de Dieu, « lent à la colère, plein d’amour », qui « juge avec indulgence ».  Ce temps qui accueille en nous nos contradictions, et qui considère que tout ce qui est irrésolu en nous est aussi un lieu possible de maturation.

Alors, aujourd’hui —plutôt que de nous plaindre de ce qui sème la division en nous ou autour de nous— réjouissons-nous finalement de ce qui est déjà en train de lever, de grandir, de germer. Amen.  

 

 

 

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